Nuits de paresse: Tableau 5

4.09.2007

Tableau 5

Tranversale, oblique, en biais, la tête penchée légèrement sur le côté, l'oreille gauche écoutant l'épaule gauche et la droite le ciel. Prête à tout accueillir, les yeux ouverts, le regard un peu perdu dans la distance. La démarche lente, qui semble n'avoir aucun but précis autre que de mettre un pied devant l'autre, un peu sur le côté, balançant cet ensemble, comme un roseau dans un vent doux. Cette chevelure, surtout cette chevelure. Elle disait autre chose, elle parlait de réveil difficile, qu'elle n'avait pas assez dormi, qu'elle avait dû se dépêcher, que ce matin venait de lui échapper, qu'elle avait quelque chose à faire. Rien sur son visage n'exprimait l'urgence de ses cheveux, c'était une plaine vallonnée sous un ciel lourd, l'annonce d'une tempête ou d'un simple coup de vent. Ses mains encore ailleurs qui frôlaient du bout de leurs doigts sa robe en coton, aux plis stricts, au tissu dense, elles parlaient de sa peau, ses mains, de la peau de l'autre, vers lequel tout ceci, peut-être, s'était embarqué. Elle avait au large un but à atteindre, un lieu imprécis, mouvant, île, précipice, continent, gouffre, elle n'avait pas encore choisi quelle forme il prendrait, pour elle, aujourd'hui. Elle souquait sur ses anches, elles avaient perdu leur ondoiement habituel. Elle se forçait à prendre ce chemin, elle s'imposait d'aller là-bas, parce qu'il le fallait, parce qu'il fallait en finir avec ces matins difficiles qui s'achèvent dès le réveil, qui la trouvaient fatiguée, les yeux brouillés par un mauvais sommeil. ll fallait en finir, et sa bouche semblait dire "en finir".

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