Nuits de paresse: 06/20/07

6.20.2007

« All in da game, yo ! »

« The Shield » est une série géniale, « Dexter » dur de faire mieux dans le genre (vivement la suite !), mais je dois me rendre à l’évidence, après un deuxième visionnage, une série les dépasse toutes. Bien évidemment, y’a des flics partout dans cette série, les ricains ont du mal à présenter l’un et le multiple, il faut des pôles avec des nuances entre les deux, impossible de faire une série qui ne marche pas sur deux pattes, le bien et le mal, l’homme et la femme, les flics et les voyous. Mais parfois, ça peut aller un peu plus loin. Dans la série dont j’avais envie de dire deux mots, flics et voyous sont deux mondes à part dans un monde commun. Le héros malheureux de cette série est une ville, Baltimore, une des villes les plus violentes des Etats-Unis (deuxième au dernier classement, après Flint, la bonne ville de Michael Moore). Elle est présente tout du long, c’est dans ses entrailles que tout se joue, dans ses rues que l’héroïne coule à flot, que les cadavres se comptent au semi-remorque. Toi qui entre ici… ça claque toujours bien, ça permet des récits de drames quotidiens, parce que la violence passe trop bien à la télé, alors pourquoi s’en priver ?

Une série pour midinette tout de suite, ça devient risqué à produire, alors faut faire un peu plus. Bien sûr, on a eu « Friends », « Dream On » ou « Seinfeld », mais ce sont des séries New-Yorkaises, des trucs que l’on pourrait tourner à Montmartre par exemple, avec beaucoup d’humour juif dedans, c’est à New-York qu’a été fondé un des premiers studios de cinéma, spécialisé uniquement dans les histoires juives, souvent des comédies musicales d’ailleurs. Faire une série sans flics ou sans enquêtes, ça donne « Weeds » ou « Desperate Housewives », on voit le quotidien de gens beaux avec un petit truc en plus. Des critiques légères du Middle Class American way of life (« They look all just the same »).

Dans la série dont je veux parler (mais je m’interromps tout le temps) on assiste de l’intérieur à la vie d’un groupe de distributeurs d’héroïne et à celle d’un groupe de flics qui enquêtent sur eux. Le pitch est simple, un jeune braqueur de dealers (« This is America, man ! ») s’est fait descendre, un flic (« He makes good police ») sent que ça veut dire quelque chose, il va voir un juge important et lui fait part de ses réflexions, et des débuts de preuves qu’il a pu rassembler. Et là, c’est le drame. Ce juge demande une enquête et pour le satisfaire, le Deputy monte une structure d’enquête. Sa mission, faire vite et arrêter quelques dealers. Mais voilà, la ville réclame plus, elle dévoile les drames qui se jouent dans ses boyaux. Dès le deuxième épisode, l’enquête démarre. Et ça ne fait que monter. Quatre saisons en tout, et à chaque saison, un nouveau quartier de la ville est exploré, avec à peu près les mêmes acteurs principaux. On s’attache vite car il n’y a aucun fausse note, tout est parfait, réellement. Pas d’effets de manche avec la caméra, c’est propre, c’est monté comme un bon vieux polar, et chose étrange, ce n’est ni désespéré, ni sentencieux, ni moralisateur, ni sombre. Et traiter comme ça ce sujet, chapeau ! (« The red one »). Oh ! Cette série ? C’est « The Wire » évidemment.