Nuits de paresse: 12/06/06

12.06.2006

Chronique dakaroise

J'alterne, un jour on fait une sortie, le lendemain, on reste à la villa. Aujourd'hui, rien en perspective. Hier nous sommes passés par la Foire International de Dakar. Je m'attendais, après description, à un immense bordel, accumulation de tout ce que j'avais pu voir pendant cette dizaine. Un peu déçu de ce côté: c'était clean, bien organisé, avec toujours des petits à côté bien sympas, mais on s'y retrouvait sans difficultés. Cette Foire a été l'occasion de voir combien le Sénégal était indigent: rien ne se produit sur son sol, rien ne se créée. Ca transforme: lait, tabac, poisson, fruits, mais uniquement des trucs importés. Pas de culture locale vivace, aucun artisanat. Et c'est pas prêt de changer avec l'arrivée massive de tous les produits venus de Chine qui prennent le relais des "dons" de l'Union Européenne (parler de dumping des produits agricoles serait plus juste). Il faut dire que cette terre a surtout produit des hommes pour l'exportation, le commerce triangulaire était florissant à l'époque. A présent la seule richesse du pays est son émigration, ce sont les Sénégalais de l'extérieur qui apportent des devises, chaque Sénégalais qui part, en d'autres mots, enrichit le pays. C'est triste.
Alors quand des immigrés de Hongrie, de Bretagne ou de Belfort nous sortent le couplet sur le développement partagé et la limitation de l'immigration, pleurons un bon coup ensemble et gardons en mémoire qu'un Sénégalais qui part travailler en France fait vivre toute sa famille. Zapatero est venu faire un tour à Dakar pour causer avec Wade d'aide au développement. Tout le monde sait ici où finira la quasi totalité de cette somme. C'est désespérant. J'aimerais finir sur une note positive, mais plus on me parle du Sénégal et moins une telle fin me vient à l'esprit. J'aurais mieux fait de venir en simple touriste, mais il y a tellement de vie ici qu'il m'est impossible de rester impassible. Y'a de quoi se foutre en rogne, non?