Nuits de paresse: 12/05/06

12.05.2006

Chronique dakaroise

Parce qu'à bien y regarder, c'est Dakar le centre. J'y passe tout mon temps, je ne parle que d'elle, de cette capitale hallucinante. Je l'entends tous les jours, je l'observe de loin, je la traverse parfois, elle m'entoure, elle est là, toujours présente. Ce sont ses habitants que je croise, écoute, aperçois. Je me souviens des temps en Italie, de ce que l'on disait de Naples depuis Rome, une battuta (une blague). Alors Dakar! Un parisien là-dedans devrait normalement péter un plomb... ou pas. Parce qu'ici, les gens vivent devant tous, ils sont là, souriants malgré une vie très dure faite de privations, réelles, pas mortelles tant que l'on a de la famille, mais c'est bien le dernier rempart contre la mort sûre. Et je commence à me dire que en fin de compte, pourquoi pas... Pourquoi n'imaginerais-je pas y vivre?
Mon amie me disait ceci de l'Inde, qu'on l'aimait ou la détestait, y'a pas de moyen terme, pour Dakar, y'a, mais faut bien y regarder avant, c'est pas qu'y'a d'la mort partout comme en Inde, mais autre chose qui peut révulser. Y'a de la vie, et la vie ça pue, ça fait du bruit, ça regarde dans les yeux. Là, depuis ce blanc strié de noir. Ca va droit au coeur.
A présent il est tard, je vais m'en fumer une dernière, une Dunhill locale en regardant les chauve-souris traverser la lune. Quand je revenais de Rome, j'étais hiérarome, un état proche de ce que les Portuguais appellent la saudade. Je suis maintenant certain que mon premier jour à Paris, et malgré ce qui me tarde de retrouver, j'éprouverai ce sentiment. Je serai hiéradakar. Ca me tarde. Pour pouvoir revenir.