Nuits de paresse: 09/30/08

9.30.2008

Petit message à l’attention des anti-américains primaires…

Regarder les infos à la télé, ça permet de rester informé, mais qu’est-ce que ça rend con ! A force de me faire défoncer les yeux et les oreilles par les analyses à chaud et autres réactions en direct, j’ai fini par oublier quelques petites choses fondamentales. Et d’abord que les Etats-Unis ont été fondés par des protestants. Ça a l’air idiot dit comme ça, mais c’est pourtant le cœur du « truc » (esprit du peuple, nation, idéologie… pour le coup je n’ai pas d’idée arrêtée ; je pencherais plutôt pour l’idéologie américaine, mais j’ai l’impression que c’est plus que ça. Max Weber en avait déjà largement causé). La Grâce, l’effort, la responsabilité individuelle pour n’en citer que quelques-unes, sont des conceptions de la place de l’homme dans le monde toujours aussi présentes. Et l’idée simpliste selon laquelle le capitalisme américain est autonome, anhistorique, impérialiste, soutenue par un peuple entier, empêche de lire correctement ce qui se joue en ce moment outre-atlantique.

L’éclatement de la bulle spéculative immobilière a touché des entreprises financières qui depuis plusieurs années faisaient des bénéfices à deux chiffres. Sans création de valeur. L’impossibilité devant laquelle se sont trouvés des milliers de familles américaines à rembourser les prêts shylockiens (les taux usuraires sont au moins limités et réglementés) sur lesquels s’appuyaient de nombreux produits spéculatifs a simplement, mécaniquement, de manière prévisible, fait s’effondrer un pan de cette économie virtuelle. Dans cette affaire, les seuls floués ont été les petits propriétaires expulsés de leurs maisons pour défaut de paiement. Ce fait n’a pas été oublié lors des débats d’hier au parlement américain. L’administration Bush, à laquelle a été associée la future administration Obama, avait en tête de garantir la solvabilité de cette partie du système bancaire qui s’était développée sur l’absurde cavalerie financière des subprime. Les réactions de beaucoup d’américains (un peuple qui, je le rappelle, n’hésite pas à lutter pour ses libertés) a forcé ses représentants à mettre les responsables de la crise face à leurs responsabilités. Beaucoup d’emplois seront perdus, de la valeur sera détruite, mais au moins le peuple américain aura montré son caractère.

En France, c’est une pantalonnade qui se joue. Notre parlement est aux ordres, j’ai noté quelques réactions mais rien à voir avec ce qui se passe de l’autre côté. Nos administrations vont voler au secours de nos si incompétents dirigeants économiques. Nos élites sont d’une bêtise ! et ça ne date pas d’hier (il suffit de lire Benda, ou plus récemment Todd). Pour comprendre ce qui se passe, il faut commencer par éteindre la télé, la radio, arrêter de lire la presse française et lire les anciens. Comme dit Chérèque, on cherche à nous enfumer. Et il sait de quoi il cause.