Nuits de paresse: 09/25/08

9.25.2008

Points de suspension…

Précision. J’ai oublié d’évoquer dans mon blog d’hier une mécanique classique qui a son importance. Les tensions à l’intérieur même de l’Empire l’obligent à se tourner vers l’extérieur. Nous retrouvons cette mécanique dans le capitalisme. C’est ce que j’ai appelé plusieurs fois dans ce blog « les fronts pionniers », le besoin de dévorer des espaces. Et que l’on retrouve, d’une certaine façon, chez Gabel lorsqu’il décrit les processus de spatialisation du temps, mécanique fondamentale de la réification et de la fausse conscience. Cette négation des contradictions internes « détemporalise » le phénomène qui prennent la forme des antiennes classiques : « Notre Empire est éternel », « le capitalisme est naturel »… mais encore les troubles schizoïdes.

Brèfle. Profitant honteusement de la présence d’un poste de télévision dans mes environs visuels immédiats, j’ai regardé, affalé comme il se doit, un reportage intéressant sur le retour de l’Etat en Nouvelle Zélande. Dans les années 80, ce pays s’était lancé (le gouvernement de ce pays…) dans un vaste programme de privatisation de ses services publics (entendus au sens large – Banque, Assurance, Chemins de fer…). A la fin de cette décennie d’ouverture des capitaux, une panne d’électricité de six semaines dans la capitale économique, Auckland, a obligé les élites politiques locales à repenser la place du politique dans l’économique ; toute honte bue, les travaillistes au pouvoir durent renationaliser quelques services fondamentaux : banques, chemins de fer, distribution d’énergie… Mais le mal était fait ; de nombreuses villes de province étaient en crise, le système de protection sociale en lambeaux et les infrastructures obsolètes. Il faut à présent 12 heures pour parcourir les 600 km entre Auckland et Wellington, les grandes industries sont aux mains de capitaux spéculatifs notamment australiens, les aides sociales inexistantes. Le retour en arrière est impossible même si la situation semble s’améliorer. Par contre, le nationalisme local se porte bien. Plutôt que de lancer une vaste réforme économique et faire une politique sociale de gauche, les travaillistes locaux ont excité la fibre patriotique des descendants de prostituées, bagnards et autres massacreurs d’indigènes. Résultat des courses, les petites gens travaillent plus pour gagner moins, la situation économique est florissante et les étrangers (hors touristes) ne sont pas les bienvenus. Y’a un climat. C’est toujours intéressant de regarder les pays en pointe dans ces affaires, ils nous en disent long sur notre avenir immédiat.