Nuits de paresse: 09/14/07

9.14.2007

Sport et politique

Les multiples défaites d’équipes « de France » survenues il y a peu dans à peu près tous les sports (Athlétisme, Basket, Volley, Rugby, Foot), m’ont soulagé. Depuis Guillaume Le Maréchal, comme l’a démontré Duby, les grands Champions sont des outils politiques très pratiques, et très efficaces. Les exemples sont nombreux de sportifs employés comme petites mains politiques et nous avons tous encore en tête les délires de quelque ministre de l’économie tablant sur une victoire d’une certaine équipe pour redresser l’économie française. Mais les défaites récentes valent un peu plus que d’habitude à mes yeux. Notamment celle du XV, symboliquement très forte. Je m’explique.

L’actuel président français a été élu sur un programme de crise, dans lequel l’effort personnel était surchargé et chacun, disait-il, devait pouvoir se surpasser dans le travail pour réussir. Parallèlement, l’ « être Français » devenait une qualité première, il marquait l’appartenance surnaturelle à une communauté de vainqueurs, et chaque individu était traversé par une Histoire Universelle du sacrifice. L’entité « Guy Môquet » était la traduction fascisante (pauvre gosse s’il savait !) du crédo « Ne vous demandez pas ce que la France peut faire pour vous, mais que pouvez-vous faire pour la France ? » La réussite individuelle est en fait un sacrifice qui permet une réussite collective. L’entrepreneur se sacrifie pour permettre à d’autres de travailler… donc l’Etat doit l’aider dans cet effort. Ne pas travailler, c’est insulter le sacrifice des autres. Et même mettre en péril la pérénité de l’ « être Français. » dont le ministère de l’épurement de la race de l’innommable Hortefeux doit assurer l’impeccabilité. Être Français c’est travailler.

Travail, sacrifice pour le « collectif », effort personnel, « francitude », sont les items habituellement associés aux sportifs, donc qui mieux qu’eux pouvaient porter ce programme politique. Le XV tricolore était investi de cette mission sous la houlette d’un secretaire d’Etat in partibus revenu tout jouasse de Canossa. Et puis Trafalgar, Berezina, etc. L’espoir renaît… Le 21 septembre, je serai habillé tout de vert. L’administration expulsent des hommes, des femmes et des enfants pour moins que ça, parce qu’ils ne sont pas français.