Nuits de paresse: 10/24/07

10.24.2007

Libé, 24 octobre

Hier, j’ai bien reçu Libé, comme tous les jours (ou presque), mais je n’ai pas eu le temps d’en causer. Pourtant il contenait quelques articles intéressants. Pourquoi Hillary Clinton devrait triompher devant Barack Obama lors des caucus organisés jusqu’en février. Pourquoi l’Espagne attire les investisseurs du monde entier. Une étude sur les maladies professionnelles, vers la fin du pétrole, comment financer la Sécu, etc. Mais j’avais mieux à faire.

Aujourd’hui également, j’ai mieux à faire, mais cette fois, j’ai le temps. Donc… Et je commence par la fin. JM Bigard est un comique. Comique au gras-double qui arrive parfois à écumer l’amère couche de vulgarité qui souvent surnage de ce genre d’humour. Sa dérive mystique est particulièrement irritante, restent quelques sketches écrits avec Laurent Baffie qui ont une saveur particulière. Mais je reste méfiant, le rire, ça ouvre les chakras et permet même au plus sordide d’entrer loin en soi. Son naturalisme populaire est parfois insupportable, surtout quand on n’en rit pas.

Alors ce Grenelle de l’environnement ? Il m’est d’avis qu’il n’en sortira rien. L’écologie politique n’existe pas. Mais si elle doit exister, cela ne peut être que contre tout ce qui s’est fait jusqu’à présent. D’abord, je ne vois rien qui la soutienne historiquement et socialement, elle n’est pas en soi une réponse mais plutôt un prurit. J’y vois plus un contrecoup de plusieurs choses : retour à la terre, retour romantique au passé paysan mythifié, un anti-discours industriel qui suit de près la fin du monde ouvrier, une idéologie de rattrapage qui suit de près la fin du communisme, comme peut l’être, d’une certaine manière, l’islamisme radical, mais aussi, et c’est ce qui rend l’écologie politique difficile à lire, une tentative de réforme du capitalisme. C’est dans cette dernière perspective qu’elle est souvent traitée. Je suis toujours surpris de lire dans tous les discours écologistes le primat donné à la Raison, une Raison anhistorique dont la justification se trouve dans le futur possible d’une Humanité soudain unie à son environnement. Une Raison régressive. Le capitalisme a besoin de fronts pionniers pour continuer son développement, l’écologie lui offre quelques perspectives intéressantes, et elle n’existe, à mon sens, que par ce fait.

Sinon, entretien intéressant avec Martine Billard sur le PLFSS (le projet de loi de finance de la sécu) qui permet de rappeler cette évidence que la Sécu n’est pas une entreprise, qu’elle n’a pas à être rentable, que la question fondamentale n’est pas celle de son « trou » mais de son financement. Proposer une vision comptable de la Sécurité Sociale c’est vouloir sa destruction. Rien de plus.
Sarkozy est au Maroc. Cette phrase piochée dans l’article page 20 : « La différence entre un businessman français et un espagnol, c’est qu’en sortant de l’aéroport, le Français va voir son ambassade pour savoir dans quel domaine investir tandis que l’Espagnol demande où il peut construire son usine ». Le Maroc reste un enjeu de politique intérieure en France.