Nuits de paresse: 10/25/08

10.25.2008

Le retour de la refoulée

J’ai une imagination plutôt féconde. Je ne parle pas d’aventures dans des mondes merveilleux, mais de choses plus immédiates, de trucs qui défrisent les pâquerettes. Et comme chaque spectateur devant un événement, je ressens cet étrange souffle de l’exception. Depuis quelque temps tout de même ce petit souffle prend les allures d’un fond d’air. Omniprésent. Et il me titille la machine à fantaisies. Il me fait voir des choses plus grandes que « nature ». Ainsi ce vent mauvais, ce ventre fécond, cette impatience, cette angoisse, ce grondement, de ces choses qui sourdent comme on dirait tremblement pour parler d’une colère. Ce souvenir d’une lecture qu’un papier lu récemment m’a remis en mémoire. C’était dans « Le Talon de Fer », une scène, celle où l’on se dit tout, celle qui lance le reste. Quand le héros annonce sous les cris d’un parterre de grands patrons que la guerre est déclarée, il lui est répondu : « nous la gagnerons ».

Après quelques années détestables, dont l’Histoire semblait avoir été bannie, elle revient comme une évidence ; la lutte des classes est l’Histoire. Certains grands patrons ne l’ont jamais perdue de vue. Ils savent. Simplement ils voulaient la cacher par des constructions qu’ils ne maîtrisaient jamais entièrement. Ce cynisme qui a nourri plusieurs générations se dévoile. Warren Buffet déclarait il y a peu, la lutte des classes existe et « nous sommes sur le point de la gagner » et toutes les décisions présentées comme des plans de sauvegarde des biens de tous ne sont en fait qu’une spoliation généralisée des biens du plus grand nombre. Nationalisation des banques ? Bien pire que cela, la destruction du travail de tous pour le profit d’une minorité. La valeur que nous créons préserve les biens de ceux qui la détruisent. Nous garantissons les orgies de nos maîtres. Déguisée sous les oripeaux d’une conscience universelle, le patronat mondialisé (il est lui-même pris dans ce processus) prépare sa victoire finale contre tout travail. La destruction de la nature dont on nous rebat les oreilles est la fausse conscience du droit univers de l’homme spectaculaire. La mise en abîme de notre propre destruction en tant qu’être-dans-l’Histoire.

Et ça, ça fout les boules.