Nuits de paresse: 02/01/09

2.01.2009

Chroniques de La Défense

Je suis de retour dans l’espace du tunnel. Depuis deux semaines à présent.
Le premier jour, j’ai singé un cortège, moi en tête et me suivant toutes les fois passées sur ce chemin. Ce premier jour, j’ai vu beaucoup de choses. Je me suis décidé au dernier moment à prendre un vélo plutôt que le métro. Il me fallait traverser Paris jusqu’aux bords du Bois de Boulogne, lieu de la dernière station des vélos en libre service de la ville de Paris. Après la première côte, un incident, plutôt un incendie dans un immeuble jouxtant la Terrasse, fameux hôtel Montmartrois planté sur un coin du cimetière Montmartre. Je ne dus mon passage qu’à l’impréparation manifeste d’une jeune recrue de la maison poulaga qui ne sut s’opposer à ma volonté impérieuse de traverser le pont. Zigzag entre les camions de pompier, coups d’œil à l’immeuble évacué et reprise de ma route. Après la porte Maillot, je longeai le bois. A quelques mètres de ma première escale, je vis quelques grosses voitures noires aux vitres teintées garées à l’arrache qui marquaient l’entrée d’un immeuble cossu gardé par des hommes en noir, lunettes noires et bras croisés. J’ai pensé immédiatement que des mafieux russes devaient avoir un rendez-vous. Cette vision me fit sourire. Je me garai enfin et repris ma route pédibus jusqu’au premier pallier de la vaste esplanade de La défense.
Il faisait noir. Pas de lune, pas de réverbère allumé, ces vastes espaces se traversent à tâtons, et en imagination, l’on voit surgir de toutes parts des hordes funestes, avec un fort accent méditerranéen. Je me désespère souvent de mon racisme primordial. Les seuls habitants permanents de ces lieux sont des chats, gras et peureux. Ils s’enfuient et se terrent dans les milliers de coursives et renfoncements qui constituent les seuls espaces privatisables de ce désert bétonné. Je les vois s’éclipser ne laissant à mon œil que la vision fugace de longues queues s’achevant dans un trou. C’est l’image qui me vint de ce ventre plat et froid qui en journée fourmille de millier de bactéries en costumes stricts, j’en traverse du trou jusqu’à la gueule immonde qui dégueule sa perspective du Louvre jusqu’à Saint Germain. Je sors de cette gueule par une de ses carries pour atteindre le but de mon chemin, le triste et glauque passage sous un échangeur quelconque qui jouxte les bureaux où je passerai mes nuits.
Et peu après le levé du jour, je prendrai le chemin inverse non plus sur son ventre mais dans ses boyaux. Le lombric depuis lors m’y ramène toutes les nuits.