Nuits de paresse: 04/23/08

4.23.2008

Mediapart, 23 avril 2008

A l’heure où j’apprends que Pascal Sevran ne serait pas mort et que Libération serait en rade de correcteur, un site a fait son apparition dans mon petit quotidien. Tous les jours, depuis une semaine maintenant, je file faire un tour sur l’Internet découvrir les enquêtes d’un petit groupe de journalistes échappés du monde déliquescent de la presse papier. Autour de ce grand faiseur d’Edwy Plenel, deux douzaines de journalistes se sont associés pour titiller le monde empesé des follicules hexagonaux. Il est peut-être un peu tôt pour dire ce qu’il adviendra de ce nouveau modèle de journalisme qui ne peut, comme le fait depuis déjà bien longtemps le Canard Enchaîné, se fier qu’à la soif d’information de ses lecteurs et leur irréfragable envie de savoir pour vivre. Et un peu aussi à leur fidélité monétaire. Mais pour un début, je dois avouer que je suis bluffé. Déjà quelques enquêtes d’excellente tenue, une présentation des informations simple et efficace, et un traitement diachronique des sujets qui fâchent.

Bien entendu, les grands sujets du jour ne sont pas oubliés et ce qui fait l’information, chose que l’on a tendance à oublier, ce n’est pas la vie, mais bien les journalistes. Une information, créée ou reprise, inscrite dans un journal devient l’information du jour. Il n’y a pas d’information en soi. Ce sont des choses construites par un processus complexe et le « ça c’est de l’info coco ! » n’est plus qu’une réplique compassée de vieux films de série B. Quand je vois qu’une reprise d’un communiqué de presse sur la dernière éponge Spontex, une critique dithyrambique du dernier Lévy et les massacres au Darfour sont traités dans un certain journal gratuit avec le même professionnalisme, mon petit cœur d’infomane en fait une asystolie. L’info, c’est ce qui se partage et la naissance d’un nouveau lieu de partage est une chose qui se fête. Par exemple sur mediapart.fr, j’ai pu lire une enquête bien foutue sur le phénomène (l’épiphénomène plutôt) Betancourt, un bon Mauduit sur les émoluments des patrons du CAC40, et d’autres petites perles sur la Caisse des Dépôts, la propriété intellectuelle ou la création graphique.

Bref, allez-y, courez-y même, ça coûte 9 € par mois et c’est du journalisme ça coco !