Nuits de paresse: 09/06/06

9.06.2006

Europa

Lorsque l’on jette un œil sur le devenir des Empires, on s’aperçoit qu’ils ont quelques caractéristiques communes : un territoire immense, une classe dirigeante très réduite et un état de guerre permanent. Ces Empires se sont constitués grâce à une nouvelle idéologie très dynamique qui permettait la soumission du plus grand nombre à un petit groupe constitué. Les Etats-Unis ne sont devenus Empire que par la volonté de la grande bourgeoisie industrielle du Nord Est qui instrumentalisa un courant religieux très vivace chez les premiers américains d’Europe. En quelque sorte, ils ont créé une Union de la Forge et de la Foi. Nous pouvons appliquer ce schéma aux autres Empires : Soviétiques, Romain, Chinois… à quelques nuances près.

Actuellement, l’Empire américain domine seul malgré l’émergence d’un Empire chinois et la réémergence de l’Empire Russe. Ces trois grands se toisent pour le moment sans jamais s’affronter directement. L’Union Européenne devra régulièrement choisir vers quel Empire se tourner. Pour l’instant, la question ne se semble pas se poser. Pourtant Emmanuel Todd dans « Après l’Empire » s’interroge sur la permanence de ce statu quo, sur l’appétit de l’Empire américain et surtout tente de penser la position de l’Europe dans ce nouveau concert des nations, si proche du sommeillant ogre russe.

Le devenir Empire de l’Europe ne doit pas être un espoir. Pourtant, c’est quelque chose qui titille notre classe dirigeante et qui apparaît dans certains débats comme celui sur la Turquie où la recherche de l’unité imaginaire de l’Europe a comme finalité l’émergence d’une classe dirigeante cohérente et unie. Heureusement, il y a encore du boulot mais les différents regroupements économiques et la création d’un grand Board économique sont un pas dans cette direction.

Turquie

Depuis le temps qu’on en parle ! Le cœur du problème turc semble être c’est celui des limites. Depuis l’antiquité, la Turquie est la grande plaque tournante de la civilisation Indo/Européenne. Lieu de luttes, d’échanges, de découvertes, mais surtout lieu imaginé qui suscite, malgré la distance réelle, des débats houleux.
Depuis l’antiquité l’idée de frontière a quelque peu évolué. Les limes romains de sont pas des frontières stables, ce sont des lieux d’installation des familles de soldats romains, des fronts pionniers, des espace en romanisation. Rien de tel chez les grecs qui installaient des comptoirs, nos modernes zones franches, dont la fonction principale était l’exploitation des richesses locales. Quel grec se serait installé si loin de sa cité ? Les luttes entre les deux Empires romains puis la poussé de l’Islam on donné une autre tournure à ces frontières. Elles sont devenues des lieux d’affrontements, de séparation. Traverser une frontière c’était rentrer dans un autre monde.

La Turquie est depuis ces temps anciens un lieu de frontières. Orient et Occident s’y imbriquent, Christianisme et Islam s’y mélangent, Religion et Laïcité s’y réinventent. Les premiers Conciles chrétiens s’y sont déroulés, un Califat s’y est imposé, un Etat musulman et Laïc y a été créé. Et puis il y eu Troie ! Des événements uniques et fondamentaux qui sont l’Histoire de l’Europe. Alors la Turquie dedans ou dehors ? Il me semble que ce n’est pas la bonne question.

Organiser une grande Fédération de 400 millions de personnes avec un Etat puissant ça existe outre-Atlantique. Mais qui se lancera dans cette grande entreprise ? Et surtout pour qui ? Un peu de prospective sur l’avenir de notre planète devrait nous donner quelques pistes. Et ça, c’est pour une autre fois.