Nuits de paresse: 04/19/07

4.19.2007

Lettre à une camarade

Salut camarade,

La situation est vraiment inquiétante. Nous ne voulons pas revivre ce cauchemar de 2002 et devoir une fois encore voter à droite au second tour. Une fois ça suffit. Mais il me semble que tu fais quelques raccourcis. Le PS n'est pas toute la gauche, nous sommes tous d'accord sur ce point, il y a d'autres manières d'être de gauche. On peut être de gauche hors du PS, c'est notre force, notre richesse commune. Il ne faut pas sous le coup de la peur dénier à toutes les gauches le droit de s'exprimer, et aux citoyens de montrer leur attachement à ces gauches. Nous nous retrouvons sur des valeurs, nous partageons une même vision de l'homme et de l'histoire, nous avons des histoires communes, des combats communs. Il existe des divergences sur les moyens : l'extension du rôle de l'Etat, la place de la France dans l'Europe, l'autonomie de l'économie, etc. Et ces divergences, ces conflits parfois dans notre vision de l'homme et de l'histoire, c'est la seule manière d'être de gauche, toujours en mouvement, toujours à imaginer demain, à interroger le passé, le présent, pour construire le futur. Le vote utile est un déni, un déni dangereux car il appauvrit une partie de ce que nous sommes. Alors oui, une nouvelle fois ne pas être représentés au second tour serait pour nous dramatique, mais perdre une parcelle de notre être de gauche le serait plus encore pour notre avenir.

C'est le second point que je voulais aborder. Après avril 2002, le PS, le seul parti de gouvernement cohérent à gauche, aurait dû changer, accepter cet échec et entamer une réforme profonde de son fonctionnement. Mais ses cadres ont préféré conserver sa structure, pour ne pas perdre de leurs pouvoirs. Tous les courants du PS et de la Gauche auraient pu autour d'un nouveau PS trouver une tribune pour s'exprimer clairement, nous aurions pu échanger sur nos différences et ensuite nous unir autour de nos valeurs communes. Au lieu de parler de vote utile à présent, nous aurions pu échanger, construire en commun avec une large majorité de la gauche et nous présenter unis avec un programme riche et inventif, chose que les citoyens nous réclament depuis longtemps. Je ne supporterai pas de devoir choisir entre deux leaders d'extrême-droite au second tour. Et si c'était le cas, je pourrai désigner clairement les responsables de ce nouvel échec. Et je ne serai pas le seul à le faire.

Amitiés de gauche