Nuits de paresse: 02/01/08

2.01.2008

Libération, 1 février 2008

Tout ce petit monde se tient bien au chaud. Et nul n’oserait défaillir. La solidarité qui existe entre les grands patrons de France est admirable. Et chacun est prêt aux pires saloperies pour que l’édifice ne présente aucune aspérité. Tout est bien lisse. Jusqu’au tenancier de la Banque de France qui n’hésite pas, comme le fit son prédécesseur en son temps, à affronter le ridicule plutôt que d’énoncer la plus simple des évidences. Pas un poil d’éthique ou de morale là-dedans, ce n’est même pas une question de compétence, juste une question d’édifice. Le mur de Berlin ne tenait pas tout seul. Les cardinaux du capitalisme gallican savent où sont leurs intérêts, et comment les défendre et quand un danger survient, quand un d’eux est pris la main dans le pot de confiture, ils sont capables de mobiliser tous les moyens en leur possession pour faire se lever le plus épais des brouillards. La Société Générale était fêtée par ses pairs comme l’entreprise la plus rentable dans son exploitation des économies des plus faibles de par le monde, six années à la suite ! Alors pour sauver l’ogre il fallait bien payer de sa personne et mobiliser toute la cour. Jusqu’à la CGT de la Société Générale qui est allée montrer son cul.

Certes le cas Kerviel est intéressant, le rachat possible de la Société Générale vaut bien le bruit qu’on en fait dans la presse, la réforme (qui ne se fera certainement pas, faut pas déconner) des « autorités » de régulation bancaire est un problème en fait passionnant, mais le cœur de cette mascarade, dans laquelle se joue l’avenir de dizaines de milliers de salariés et les économies de millions de personnes de par le monde, est cette solidarité de fer entre les grands administrateurs français organisée pendant le ministère de Moussiou Balladur.

Plus le capitalisme est dit sauvage et plus il est organisé. Simplement les régulateurs ne sont pas ceux que l’on croit…