Nuits de paresse: 01/25/07

1.25.2007

Vers le bord

Depuis quelques temps, j’ai acquis un rythme de vie très particulier. Acquis n’est pas vraiment le mot adéquat, plus trouvé, parce que ça passera. Je suis débout extrêmement tôt pour quelqu’un qui n’a rien à faire, techniquement, qui n’a pas à se déplacer ou des choses à faire dehors. J’occupe de manière très variée mes journées entre la recherche d’emploi, l’écriture, la lecture, le visionnage de films, les passages sur Meetic, les appels à droite, à gauche. Disons que tout le temps que je devrais passer dans un bureau, je le passe entre mes quatre murs. Et c’est extraordinaire. Je sais qu’il faut que ça cesse, qu’il faudra que ça cesse, et pourtant, je n’ai jamais été autant comblé. Mais pas pour des raisons évidentes. Pour des raisons très personnelles.

La grande quête actuelle, est celle de l’autonomie. Tout le monde veut être autonome, être son propre patron, ne pas avoir de chef au dessus, pouvoir faire ce qu’il entend faire quand il le souhaite, bref au premier sens du mot se donner à soi ses propres règles. Ce qui est fondamentalement absurde, des milliards d’humains qui fixeraient leurs règles ? Des règles qui ne vaudraient que pour eux ? Mais pour ce faire, il faudrait que les « autres » acceptent également les règles que nous nous sommes fixées. Il faudrait alors parler d’autarcie, principe selon lequel nous nous suffisons chacun à nous-mêmes. Faire son pain, ses légumes, se chauffer en coupant du bois… (!?) en quoi cela est-il réjouissant ? Je ne veux pas de tout ça, je veut être hétéronome pleinement, n’avoir aucune règle propre et ne jamais me suffire à moi-même.

Je suis dans mon temps. Il m’entoure, m’enferme et me protège. Tout mon temps me comprime pour sortir de moi tout ce qui ne pouvait en sortir. Et tous les jours, je découvre des choses nouvelles, des choses toujours plus profondes, des souvenirs, des idées, des moments, des traces de milliers d’instants qui sont régurgités de mon corps, ça suppure en quelque sorte. Mais je sens venir l’heure où ce temps qui m’entoure, nettoyé de tout espace, aura la même teneur que mon corps. Une osmose. A ce moment-là, j’aurais atteint mon bord, l’arrête du bord, et tout le vide devant. Ça vient, doucement ça vient. Et à ce moment-là, tout pourra basculer, ce qui devrait être une chute sera mon nouveau parcours, tout mon espace aura basculé de 90°. Je marcherai sur un abrupt à la vitesse de mes pas. J’ai toujours été ultra libéral avec moi, avec mes sentiments, ils ont toujours pris le pas sur le reste, et aujourd’hui ils me remplissent et me disent gentiment à l’oreille : bientôt, bientôt.