Nuits de paresse: 01/09/08

1.09.2008

Libération, 9 janvier 2008

J’dis pas qui s’pass’ rien, mais d’là à dire qui s’pass’ que’qu’chose…

Pendant ce petit mois à cheval entre deux années, j’ai un peu feuilleté la presse, vu les journaux télévisés, j’ai pratiqué l’actualité de manière un peu différente. Rien de remarquable. Et reprendre la lecture quotidienne de Libé m’a fait du bien. J’ai retrouvé mes marques. L’actualité est une habitude en fin de compte, au même titre que le café du matin, ou celle de se laver les cheveux une fois tous les deux jours. Ça rythme. Quelque chose s’achève quand la quatrième de couv’ a été parcourue, que le journal se retrouve plié à mes pieds, et autre chose peut commencer. J’ai eu sous les yeux toute la matinée ce titre de Libé « L’escamoteur » qui résume pour ce journal la conférence donnée hier par monsieur Sarkozy. Et cela m’a rappelé quelques petites choses.

Il est de tradition à droite de parler de culture pour faire oublier le reste. J’ai ce souvenir bien précis d’un de mes professeurs, du temps de mes études, qui critiquait ma génération la traitant de génération de l’avoir et non plus de l’être. Nous ne cherchions que le bonheur matériel, posséder des biens et nous oubliions ce qu’était la véritable richesse : la culture. Venant de cet homme, que j’ai appris à connaître plus tard, c’était la pire des hypocrisies. Il n’avait de culture que celle du pouvoir et cherchait par tous les moyens à en accumuler toujours plus. L’orgueil que sa foi condamnait (il était très croyant) était chez lui une pratique quotidienne. Mais il n’était pas le seul à professer ces âneries. Un seul de ces professeurs de droite, si bien intentionnés, avait ce réel soucis d’enseigner ce que l’on nomme les humanités à ses étudiants. « Sodome est sauvée » disait-il souvent quand un seul savait, rachetant l’ignorance des autres.

Et monsieur Sarkozy dans tout ça ? Edgar Morin, pour qui j’ai une réelle estime, aurait inspiré (Emmanuel Todd en sait quelque chose) cette belle sentence « politique de civilisation » au président en exercice. Mais chez lui, c’est le cœur d’une action politique, dont le but est de recréer du lien entre les citoyens. Tout simplement. Cela implique un lourd travail de redéfinition de la civilisation occidentale. Un truc énorme qui ressemble bien à Edgar Morin, intellectuellement bien évidemment. Melle Laguiller a très simplement défini ce que l’administration actuelle entendait par cette formule : « Il n’y a que la volonté réaffichée de servir les plus riches et de mystifier les classes populaires. » Rien de neuf sous le soleil donc. Un de mes profs avait écrit cette formule tout aussi claire : « les étudiants se font enculer par des prêtres dans les chiottes de la pensée », je crains tout de même que la prêtrise sarkozienne n’ait raison des fondements de la pensée de Monsieur Morin.

J’dis pas qui s’pass’ rien, mais d’là à dire qui s’pass’ que’qu’chose…