Nuits de paresse: 10/07/08

10.07.2008

Le jeu

Petit ras-le-bol aujourd’hui. Je commence à saturer. Beaucoup d’infos. J’ai passé presque deux heures à lire la presse. Je voulais partager des trucs sur la crise. Mais je me rends compte que je n’ai plus grand-chose à dire. A part cette peur qui prépare. Cette crise offre des opportunités. Permet de renforcer certaines positions. La baisse des indices boursiers est un moment du jeu. Une orgie de destruction de valeur. Un truc ma foi assez typique. Tout cela ne nous concerne pas.

Ce qui se passe à Sandouville est bien plus intéressant. Une lutte sociale en cours. Là on est dans le dur. Des ouvriers qui luttent contre une direction qui est dans le jeu, soutenue par un gouvernement qui travaille pour elle. Un article dans le Libé d’aujourd’hui m’a sorti de ma torpeur de poule devant un réveil, un article sur le dur. L’enquête d’un sociologue qui s’est fait embauché dans un abattoir. Il cause du travail concret. Des conditions de travail en temps de crise. Pendant la vache folle. Et il décrit le travail humain tel qu’il est. Un travail toujours en invention. Réglementation en évolution constante, décisions contradictoires de la direction, nécessités de la production, obligations de résultat, et une pratique qui se construit collectivement au plus près des tâches. Ça c’est notre jeu. Et bien que je ne le pratique plus depuis déjà pas mal de temps, j’ai l’impression d’être toujours dedans. Le travail me poursuit ; même sans emploi, je suis dans le travail. La recherche d’emploi, de poste, comprendre les demandes du recruteur, savoir analyser cette demande pour fournir les arguments pour l’embauche, la multiplication des biais de présentation, les courriels envoyés qui s’accumulent. C’est du travail. Le travail pour retrouver un emploi. Au-delà de cette pratique de la recherche, j’invente mon travail au fur et à mesure, je l’imagine, comme je l’imaginais en poste. Je crée ma pratique personnelle du travail comme activité quotidienne parce que rien ne les sépare. C’est une chose que je commençais à oublier à cause de cette crise. A force de jongler avec des choses abstraites, je perdais de vue ce qui est réellement, pratiquement. L’exercice de commentaire est une partie de mon travail, mais il ne le limite pas. Le tout étant de ne pas l’oublier.

Une pensée pour Jean-Paul qui doit avoir le moral dans les chaussettes…