Nuits de paresse: 10/01/08

10.01.2008

Il n’est pire aveugle…

Dans le cadre chaleureux de quelque débat télévisé, j’ai eu l’occasion d’assister à une passe d’arme entre économistes, journalistes et analystes financiers. Ce genre de rendez-vous se sont multipliés ces derniers jours. Dans le contexte actuel, cela semble normal. Cela s’appelle le besoin d’information légitime des spectateurs. Vous êtes chez vous, au calme et soudain vous vous retrouvez assaillis par les informations. Vous découvrez une crise. Un événement sous vos yeux. L’Histoire ! Bref vous en demandez plus ; paraît-il. Donc, un débat. Alors qu’ai-je ouï…

D’abord, qu’il ne fallait pas paniquer. Ce qui est déjà pas mal. Tout est fait pour que nous paniquions. Rythme des informations, grandiosité (ben quoi ?) des chiffres, excitation des commentateurs, multiplication des annonces officielles et analyses définitives sur la fin de quelque chose. J’ai donc appris que le modèle politique américain s’était effondré ( ! ), que l’Etat avait son rôle à jouer dans la régulation de l’économie, que le capitalisme avait des hauts et des bas mais que le communisme c’était pire, que seul un effort collectif permettrait de sortir de la crise, etc. Disons que tout était fait pour que le spectateur se sente concerné par ce qui se tramait dans le calme des agences financières. Nous devions nous préparer à mettre la main à la poche. Que c’était notre devoir. Mais que le capitalisme c’était une bonne chose, et qu’il fallait simplement le réguler un peu. L’Etat intervient en notre nom pour éviter une débâcle. Afin de préserver notre épargne, notre argent. Nous allons donc payer pour des entreprises qui ont passé ces dernières années à virer du monde pour améliorer leurs profits, à maximiser leurs profits en jouant sur des produits purement spéculatifs afin d’atteindre le sacro-saint pourcentage à deux chiffres de rendement, à augmenter tous les frais possibles et imaginables jusqu’à en créer de nouveaux (paiement des opérations sur chèques, coût des retraits dans les agences concurrentes, frais de dépassements…) Certaines de ces entreprises se sont mises en danger pour acheter des concurrents et ces opérations, nous allons les payer. A perte qui plus est. A-t-on jamais vu gouvernement de droite (je précise, mais c’est purement rhétorique) demander un remboursement quelconque pour l’aide apportée à une entreprise d’intérêt national ? J’ai même vu cet e….. de Seillière (qui nous doit plusieurs milliards je le rappelle) se réjouir du pognon que venait de rafler ses misérables comparses à nos représentants.

Dans ces conditions, demander l’interdiction des licenciements, le remboursement des aides apportées aux entreprises qui licencient malgré leurs bénéfices et la pénalisation du droit des affaires, entre autres choses, paraît être la moindre des choses. Je rajouterais la castration des banquiers, mais par bonheur ils n’en ont pas.