Nuits de paresse: 10/06/08

10.06.2008

Les loups entre eux sont très civilisés

Et si une partie des turbulences financières, dont on cause largement dans les follicules, les troquets et les blogs, était amplifiée par les banques elles-mêmes ? JP Morgan par exemple, importante banque d’affaire, aurait fait chuter Lehman Brothers en gelant certains de ses actifs, et racheté Bear Stearns et Washington Mutual, tout cela parce que ces banques manquaient de liquidités. Puis nous voyons BNP Paribas rachetant Fortis par tronçons après refinancement par divers Etats européens, et soit dit en passant, ce rachat a pu se faire grâce à des fonds publics. Si l’on regarde d’un peu plus près les banques en danger, ce sont surtout des banques d’affaire, des fonds d’investissement et des banques de détail (qui gèrent des comptes courants) qui se sont lancées dans la banque d’investissement (ce qui a été rendu possible, je le rappelle, par l‘abrogation du Banking Act qui depuis les années 30 séparait ces deux activités pour que « plus jamais ça »). L’assèchement du crédit fragilise les banques qui ont parié sur des produits spéculatifs mais ne touche que marginalement les activités de banque de dépôt (autre nom des banques de détail). Les Caisses d’Epargne et les Banques Populaires (qui continuent à se rapprocher lis-je amusé sur mon télescripteur) ou encore Dexia sont fragilisées par leurs activités de placement de produits spéculatifs et par certains placements immobiliers (n’oublions pas qu’au départ la crise était immobilière, du fait des spéculations sur ce marché). On ne parle pas ou quasiment pas de la Banque Postale, par exemple, qui ne fait que du détail (dépôt et épargne classique) ; pour l’instant.

Donc sont surtout touchées les institutions financières qui se sont appuyées pour se développer sur des produits financiers à risque. Les aides accordées ou débloquées par divers Etats vont profiter à ces institutions-là. Or, pour la très grande majorité des gens de base (vous et moi) la fin de ces activités ne nous en toucherait pas une. Pourtant, nous sommes contraints de régler une partie de la note ; de manière honteuse. Utiliser par exemple l’épargne populaire pour sauver les spéculateurs immobiliers, est tout de même un comble. Pouvoir trouver des milliards pour préserver les gains des plus riches quand il semble impossible de trouver des fonds pour aider les plus démunis d’entre-nous est… Pourtant ça passe tout seul. Pendant ce temps-là, le PS prépare son congrès et le NPA se digère. Quant au PC.

Le prochain mauvais coup sera règlementaire. Jusqu’à présent, il existe des régulateurs assez puissants même si peu connus du grand public, des normes contraignantes qui obligent les banques à se préserver sur certains marchés, ou à assurer leurs actifs. Et bien beaucoup de ces garde-fous vont tomber, pour le plus grand bonheur des petits sorciers de la « haute finance ». La crise profite à certains. Il serait peut-être temps de s’énerver. Personnellement, je suis assez bon au lancer de poids.