Nuits de paresse: 09/07/06

9.07.2006

Classe dangereuse

L’idée de Nation a perdu de son efficacité. A son évocation, les foules ne se déplacent plus. La classe dirigeante n’en a plus l’usage, elle est simplement gardée au chaud, au cas où. Elle est devenue d’autant plus inutile que la constitution de groupes industriels mondiaux (Finance, Utilities, Industrie lourde…) est devenue nécessaire. La nouvelle classe dirigeante mondialisée a besoin de revenus plus élevés pour asseoir son pouvoir sur le plus grand nombre. Dans cette course, la classe dirigeante française est très en retard, car elle est restée très nationale. Elle ne joue que depuis peu le jeu européen, mais elle veut garder la main sur la majorité des revenus générés par les grandes fusions en cours. D’où ces débats un peu obscurs sur Enel/Suez, Arcelor/Mittal ou Euronext/Nyse. Mais elle apprend.

La classe dirigeante turque est elle issue de l’armée en grande partie, et de ce fait il est plus difficile pour des investisseurs étrangers de s’imposer dans les entreprises turques. Mieux vaut, pour la classe dirigeante européenne, faire de la Turquie un genre d’arrière-cours pour touristes ou un gisement de main-d’œuvre à bas prix. Et accepter de payer des prébendes aux factions locales.

L’Empire n’est pas toujours limité aux nationaux. L’Empire romain a presque définitivement décliné quand les bourgeoisies allogènes se sont imposées dans le pouvoir central et que les citoyens romains sont devenus des citoyens de l’Empire comme les autres. C’est ce qui est en train de se passer aux Etats-Unis. Un quart des multimilliardaires dans le monde ne sont pas américains. On peut voir en eux des gouverneurs locaux mais dans la perspective de la création d’Empires « décentralisés » certains ont pris de l’avance. Les 100 premières entreprises chinoises représentent 80% du PIB du pays quand en France 1% de la population possède 13% du PIB. L’Empire repose sur une société inégalitaire, en gardant ceci en tête il est plus facile de reconnaître nos ennemis.