Nuits de paresse: 07/25/08

7.25.2008

Le Tour

Donc. Pendant ce long mois et demi de silence, pas mal de choses se sont passées. Rien qui ne vaille vraiment la peine de s’user le ciboulot, mais nonobstant (quel joli mot) y’a une accumulation.

Qu’avons-nous vu ? Une photo grand format qui disparaît de la devanture de l’échoppe du Maire de Paris, un Premier Ministre plié en et divisé par deux, un footballeur de haut niveau au cœur déformé, une femme politique qui fait de la variétoche quand une autre se fait cambrioler, Mozart qu’on assassine à Aix, un cobra qui se shoote… et de toutes ces nouvelles qui ont fait la une (tout dépend de quoi), je dois avouer que seule la dernière m’a vraiment intéressé.

Ricco se dopait. Tout ce petit monde le savait, il fallait seulement le prouver, trouver la faille. Une EPO indétectable mais qui pendant l’effort laisse sa trace dans les urines. Et voilà le travail. Fallait bien chercher. Il fallait savoir qu’il y avait quelque chose à chercher, utiliser les outils adéquats, et enfin trouver un marqueur incontestable. Puis se fut l’exclusion de l’athlète. Puis le départ de l’équipe. Toutefois, j’ai perçu quelques signes de déception. Venant d’un peu partout, mais surtout de la presse, l’idée que ce tour était un peu lent, que c’était un tour de transition, que le spectacle n’était pas vraiment là (la montée de la Croix de Fer fut exemplaire), qu’il manquait quelque chose, ces moment d’anthologie qui font l’épopée, qui font l’histoire du tour. Oui mais voilà, sans dope…

Car nul ne peut placer plus de deux accélérations dans une montée à 10% sans artifices (Sastre n’en a placé qu’une et a mis quatre minutes de plus que Pantani et consorts pour monter l’Alpe d’Huez), nul ne peut lutter contre un peloton en chasse, nul ne peut gagner deux étapes de montagne d’affilée etc. C’est facile à comprendre, pas de dopage, pas de spectacle. Et si spectacle il y a, il décevra tout le monde. Imaginez une course d’équipe avec bons de sortie, des arrivées en sprint massif, un tour de baroudeurs, sans l’exploit du chiffre, sans la souffrance de ceux de devants, un tour qui se fait à l’arrière, à la pédale, dans le dur, un tour d’ouvriers. Et ça, la télé n’en veut pas.

Le tour dévore. Flétrit les chairs. Brise les corps. Vomit son insanité fondamentale. De la merde dans le sang des coureurs pour de la merde dans l’estomac des voyeurs, de l’EPO pour mieux vendre du boudin. Bref, une traînée publicitaire.

Alors soyez logiques, rendez-nous Ricco ou arrêtez tout !