Nuits de paresse: 06/23/07

6.23.2007

Le futur à gauche, une idée qui a de l’avenir….

J’ai beau râler comme un pou contre Libération, je dois admettre que Joffrin n’est pas tout Libé, y’a d’autres choses dedans, avec des gros morceaux de gauche. Y’a de l’échange, des personnes d’horizons pas trop différents qui peuvent venir exhiber des trucs, ou faire dialogue. Donc aujourd’hui, Rosanvallon dépose sa rune sur les nouvelles fondations à venir de la gauche française, et il dit. Que la social démocratie a été une réponse à une crise du capitalisme, il y a bien quarante ans de cela, que Blair avait autant d’imagination politique que Thatcher de sex appeal, qu’une société ouverte a besoin de processus de résolution, pas de solutions clé en main.

Ce n’est pas la fin des idéologies, mais l’introduction d’une dose massive de multiple dans la société par des processus démocratiques qui permettraient de « faire société. » Cela prendrait la forme « d’une opération de connaissance de la société sur elle-même » par « l’élaboration d’un processus de discussion et de délibération pour dégager les normes adéquates de protection et de solidarité. » Parce qu’à force de penser en termes d’identités universelles, on oublie (parce que rien ne l’empêche par ailleurs) que tout le bazar est en mouvement perpétuel, que les liens sociaux c’est que du mouvement, qu’un marxisme de quat’sous oublie constamment que l’individu (on disait l’homme à l’époque) est au centre de tout, qu’il est un faisceau de liens sociaux, que la lutte des classes, c’est un principe historique, un genre de méta-moteur, que l’appartenance de classe est une réification de l’individu.

L’homme est « en situation », complètement dedans, il est traversé par des universaux et des particularités. Il faut constituer (car cela n’a rien de naturel ou de spontané) ce que Rosanvallon appelle un « universalisme de terrain », un universalime immergé qui a des effets concrets, qui traverse la société et les individus, et qui oblige à résoudre les problèmes rencontrés en constituant des solutions au plus proche. Construire « un socialisme de soutien aux trajectoires individuelles. » Donc ce matin (enfin en ce début d’après-midi), ça valait la peine de lire Libé. Sa lecture a renforcé en moi l’idée qu’être de gauche, c’est être un peu plus que soi.

Bon ! Sur ce, j’m'en vais cuver…