Nuits de paresse: 09/12/06

9.12.2006

Un anniversaire spectaculaire

Je ne dois pas être loin de la vérité en écrivant que nous avons tous un souvenir précis du 11 septembre 2001. Ce jour-là, j’ai peu travaillé, et nul n’était là pour me rappeler mes tâches. J’étais hypnotisé par le long défilé des images sur l’Internet. Mon bureau était devenu une matrice à fantasme sont je suis ressorti les yeux au ciel. Impossible de me détacher de cette vision d’un avion se jetant contre une tour. Je revois sa vitesse, l’impact et la gigantesque gerbe de métal, de verre et de fumées qui en résultait. Et puis une fois devant mon poste de télévision ce bandeau en bas de l’écran de CNN « America at war ». A partir de ce moment, tout ce que j’avais absorbé de l’événement, je le vomissais. Quelqu’un interprétait l’image à ma place, le moment de tremendum perdait sa religiosité pour devenir un objet-là. La séparation induite par ce discours a suscité tout le reste des événements.

La période qui a suivi cet événement fut intellectuellement très pauvre. Tout le monde présentait les images comme des discours. Rien ne parlait plus qu’elles. L’iconodoulie faisait des ravages, l’image devenait sacrée. De plus, elles se multipliaient, de nouveaux témoignages visuels arrivant sans cesse ; la machine s’emballait. Seuls les prêtres des média étaient autorisés à disserter, à dire l’image, à dire son discours inhérent. Tout cela aboutissait à la reprise du « Grand Jeu » et la deuxième destruction de l’Irak. La route des Indes passait par New-York !

Juste en passant, Peter Gabriel écrivait une chanson sur cet événement dans laquelle il chantonnait :

Mamma's little boy has fallen down,
Mamma's little boy has hit the ground.
Now he's gone, Ian is gone,
his time is done.
The weight of a dream
can take you down.

White, white ashes, building crashes down.

So well, pretend it's all well conceived,
Build solid as steel, stuff we believe.
Now he's gone. Ian is gone,
his time is done.

The weight of a dream
can bring you down.
The weight of a dream
can bring you down.