Nuits de paresse: 09/27/06

9.27.2006

Temps

Depuis que je me suis mis en marge de mon entreprise, j’ai tout loisir d’observer l’épaisseur du travail effectif. La lecture du « Droit à la paresse » de Lafarge m’a été sur ce point d’une grande utilité. Qu’est-ce que le travail en entreprise ? Quel est le travail réel du salarié en entreprise ? Le jour de l’embauche, nous signons un contrat qui oblige, qui contraint : lieu de travail, horaires et tâches. Le salarié donne de son temps contre rémunération, une partie de ce temps n’est d’ailleurs jamais pris en compte, de la préparation à son départ vers l’entreprise à la récupération de son départ de l’entreprise. Le temps-entreprise est un temps-machine, adossé au fonctionnement d’un réseau d’outils. Ces outils son intégrés aux tâches des salariés, mais avec l’usage, il faut se rendre à l’évidence que ce sont plutôt les tâches des salariés qui sont intégrées dans l’outil de travail. La cadence du travail rythme le temps travaillé. Les Hz de l’ordinateur sont les secondes de l’employé. L’individu n’est plus que son « poste de travail », donc entièrement remplaçable, il est résumé au temps donné en appui à la fonction machine.

Toute la journée fuit dans la contemplation du travail réel de la machine ; les gains de productivité immenses qu’elle permet effectivement s’évanouissent dans la nécessaire occupation du temps. Car que faire de tout le temps libéré ? Comment l’occuper ? Quelle société moderne peut se permettre de laisser une vaste majorité de son peuple libre de tout travail ? L’abrutissement est devenu, de fait, une des fonctions principales de l’entreprise.