Nuits de paresse: L'autre corps

9.04.2006

L'autre corps

Il existe un risque de perdre de vue les véritables enjeux sociaux et économiques de la période que nous vivons en focalisant notre attention sur les personnes. Parler de Sarkozy et Royal, Royal et Jospin ou Tartempion et Ribouldingue, c’est une forme de renoncement à notre libre analyse de ce qui se passe réellement. On transfère une partie de soi dans un autre monolithique qui n’est en fait qu’une expression maladive de notre égo. On se repaît de cet autre imaginaire en faisant comme s’il était soi. Entendez ce qui se dit sur ces hommes politiques, le partage que l’on fait de leurs mots, de leurs prises de position, ou de ce qu’ils nous laissent voir d’eux. La pipolisation rend encore plus fort ce transfert d’être. Plus leurs corps est présent plus on s’oublie en eux.

Or, ils sont tous à peu près aussi cons que n’importe qui. Ils sont mal fringués, ont deux idées sur un papier qu’un conseiller leur a filées, ils sont eux-mêmes non pas sujets mais objets d’autre chose. Il faut les écarter de notre champ de vision pour avoir enfin une idée des forces qui les manipulent. Comme dans la caverne de Platon. Mais c’est plus facile de parler de ces gens-là, que de ce qui est vraiment en train de se jouer en ce moment. Non pas que les hommes politiques se valent tous, mais il ne faut pas s’aveugler dans la contemplation de leurs personnes.

C’était juste une petite mise au point.

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