Nuits de paresse: J’écris, tu… ?

3.14.2008

J’écris, tu… ?

Les livres tenaient salon. Grands et petits, minces et gros, chers et accessibles, brillants et fades, lourds et légers, colorés, noir et blanc et monochromes, souples et rigides, brochés et reliés, in-quarto et in-folio, parfois illustrés, parfois non coupés, seuls et en collection, avec et sans collaborations, neufs et d’occasion, romans, nouvelles, poèmes, encyclopédies, dictionnaires, bandes dessinées, de poche, d’étude, recherches, d’agrément, guides, de recettes, monographies, biographies, photographies, récits de voyages…

Tant mieux.

« Peut-être que ce que je suis en train de commencer ne sera qu’une de ces nombreuses histoires dont je n’arrive à écrire que le début. Nombreuses… en fait une dizaine, tout au plus. Mais elles se ressemblent toutes. Elles commencent par l’affirmation qu’elles finiront et s’achèvent en plein récit au bout d’une centaine de lignes. A peine des histoires en fait, des ébauches de commencement. Des petits débuts. Le premier trait de ce qui s’annonce soi-même comme une grande fresque. A chaque fois, j’exprime dans ces prémices ma volonté de mener au bout quelque chose d’important, qui va me dépasser par sa complexité et surtout sa longueur. Je rêve dans ces premiers mots des cent milles qui doivent suivre, de l’immense voyage qui doit débuter, d’une traversée onirique d’un monde que j’ai en moi, presque achevé mais inachevé parce qu’inécrit. Je sais que j’ai assez de mots pour tout dire de ce que j’ai presque sous les yeux, chaque forme, chaque idée mais quand il s’agit de mettre ceci devant moi sous une forme exprimée, je n’arrive à saisir que le moment fugace d’une ligne, d’un mouvement, un visage. Je ne cherche pas à toucher une chose par une multitude d’approches, comme l’objeu de Ponge, mais à écrire la multitude en moi d’une seule manière. Par l’écriture construire en le mettant là, devant moi. L’obje. Un univers vaste qui tient en une chose et dont la seule cohérence est encore d’être inécrit. »

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