Nuits de paresse: Ventoline et sang frais

7.25.2007

Ventoline et sang frais

Honnêtement, je tremblais en admirant le tour. J’ai craint un instant que l’Homme était arrivé à un stade supérieur, avait commencé sa mutation pour atteindre un ailleurs dont Darwin n’osait rêver : le surhomme sur ces drôles de machines. A force de voler, l’homme devait un jour voir des ailes lui pousser dans le dos, à force de courir vite et de sauter loin, ses jambes devaient se transformer pour prendre la forme puissante de celles du Kangourou, à force de grimper les cols les plus difficiles, ses poumons, son cœur et son sang devaient se modifier irrémédiablement. Et puis la médecine ayant fait des progrès extraordinaires, on pouvait voir des asthmatiques, des cancéreux et des hommes recousus de toutes parts vaincre la plus dure épreuve inventée par l’esprit humain : le Tour de France.

Joie ! Joie ! Rien de tel n’est à craindre, l’Homme reste l’Homme, nulle mutation en vue, pas de surhomme à l’horizon, tout ceci n’était qu’un mauvais songe. Il n’y a qu’une espèce humaine, et son étalon international reste le coureur français. Il ne gagne pas d’étape (ou si peu), ses équipes sont toujours à l’arrière, il pioche dans les cols, il se fait déborder sur la plaine et perd systématiquement face au chronomètre. Le très sarkozyste et avant-Lagardiste Vinokourov n’avait pas assez de son sang pour réussir ses exploits. Le fils de la Mer d’Aral n’avait jamais bu d’eau claire. Malgré tout, cette poignée de boni hominem enfourchés sur leurs vélos restent pour moi des prolétaires sublimés, des machines à 120 tours minute sur 53x13. Au cas où vous ne le sauriez pas, Rasmussen, Contador et Evans sont dopés jusqu’à la moëlle, comme tout salarié devant dépasser une trop grand souffrance. Et puis un jour, ça casse. Pour Pantani comme pour un ouvrier de chez Renault.

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