Nuits de paresse: Tableau 16

4.09.2007

Tableau 16

Jusqu'à la dernière minute c'est encore possible, tant que tout le temps nécessaire n'a pas été entièrement dépensé, rien n'est entièrement joué. C'est ainsi qu'il pensait sur cette route, assis. Il savait qu'à tout moment, ça pouvait débouler, l'emporter, le déchiqueter, l'envoyer à des centaines de mètres de là peut-être. Mais tant que le choc n'avait pas eu lieu, il était assis, sur cette route. Il tournait le dos à la circulation, pour ne pas avoir ce dernier réflexe. Il ne voulait pas s'en sortir, sa décision avait été prise, ce devait être aujourd'hui, enfin ce soir, sur cette route. Mais il avait peur de ses réactions, il avait peur de cette idée que rien n'était joué tant que le choc n'avait pas eu lieu, qui lui imposerait de se lever et traverser définitivement. Cette idée lui semblait odieuse, remarcher vers où? pour quoi faire? pour qui? Il attendrait jusqu'à ce que le camion, la voiture, ou tout autre véhicule assez puissant pour l'emboutir définitivement, surgisse et le catapulte enfin là où il voulait être. Car il voulait être ailleurs que sur cette route, ce soir-là, mais il voulait y aller d'une certaine façon.

Aucun commentaire: