Nuits de paresse: Tableau 13

4.09.2007

Tableau 13

Ce n'était rien. Au début ce n'était rien. Même pas une sensation. Vraiment rien, il n'y avait rien. Il y avait moi. Seul. Là. Puis un brouillard, un brouillard de mots, de gestes, d'idées, de sensations, oui pour le coup de sensations, qui s'est installé, doucement, ça montait, imperceptiblement. C'était doux au départ, vraiment doux. Ça venait de je ne sais où. Peut-être de l'extérieur? ou peut-être de moi? mais je ne peux rien affirmer de certain. Quand ça a commencé à monter, je n'ai pas compris que ça montait. Je ressentais quelque chose de normal, quelque chose d'habituel, comme ça se passe souvent. Quelques mots échangés, quelques regards, parce qu'il y a eu des regards, mais rien de convaincant, rien d'absolu. Des touches, des touches de couleurs presque, des choses sur lesquelles aucun mot ne pouvait être mis. Lentement, ça s'est lié, c'est devenu plus important, parce qu'il y a eu des souvenirs de ce moment, parce que dans le peu d'espace entre elle et moi, j'ai eu le temps de les faire revenir, inconstruits, déliés. Quand je l'ai revue, il y avait un passé, il y avait des choses-ensemble, du reconstruit, de l'imaginé, et des sensations qui s'étaient installées dans plusieurs parties du corps, de ùon corps. Et ce que je voyais, sentais, imaginais d'elle était plus intense dans sa présence. Elle avait pris une autre forme, elle était plus qu'elle n'était, elle était elle et ce que j'avais constuit d'elle. C'est dans ce second instant que tout s'est joué, c'est cette seconde rencontre, dans mon brouillard d'elle qui m'a rejeté dans cet état de demi-éveil. Son regard était plus que cela, ses yeux était plus que cela, sa bouche était plus que cela, son odeur était plus que cela, sa peau était plus que cela. J'étais devenu moins que moi-même parce qu'elle était là.

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