Nuits de paresse: 8 février 2006

9.04.2006

8 février 2006

La bonne volonté.

Le nouveau management devait apporter à tous la possibilité de s’épanouir en entreprise, d’y trouver sa voie, de faire d’une collection de tâches une activité. Les nouvelles ressources humaines devaient permettre à l’employé de bureau de devenir un partenaire de l’entreprise, un élément indispensable et « proactif », c’est-à-dire capable de créer de la valeur grâce à ses idées. Jack Welsh en son temps avait modélisé la nouvelle entreprise en reprenant le mythe des trois races de la Grèce Antique : la plus méritante recevait la récompense suprême, la progression dans l’organigramme et les émoluments attachés, la seconde effectuait les tâches fondamentales, celles qui permettent à l’entreprise de fonctionner sans recevoir plus que ce qui lui était donné, quand la troisième, en perpétuel renouvellement, se voyait proposer inexorablement la sortie.

Ce discours « progressiste » n’a qu’une seule fonction : faire accepter à moindre frais l’augmentation des charges de travail imposées aux salariés et le manque de clairvoyance des dirigeants devenus avec le temps de simples comptables de la bonne gestion financière de l’entreprise. Les ressources humaines élaguaient sans cesse les branches mortes d’entreprises connaissant un perpétuel hiver.

Tout ça finit par se voir, et les salariés de moins en moins crédules commencent à refuser ce qui se présente à tous comme un phénomène inexorable, nécessaire. C’est à ce moment qu’est apparue cette idée magnifique que l’on pouvait faire appel à la bonne volonté de chacun pour sauvegarder la force de l’entreprise. Dans un plan social existe toujours les départs volontaires, les reclassements volontaires, toute une panoplie de petits arrangements qui laissent penser que le salarié a son mot à dire. Quand une fusion a lieu, il est plus facile de faire appel à l’esprit « civique » des salariés (serrez les fesses ! en d’autres mots), de demande un surcroit de travail ponctuel, un investissement personnel plus important que de mettre en place une nouvelle organisation du travail ou d’embaucher.

Ceci dit, le mot d’ordre de 68 est toujours d’actualité, le tout étant de le compléter judicieusement : L’imagination au pouvoir ! (des salariés, des actionnaires, des dirigeants, de l’Etat, des fonds de pension, du capital investissement) - rayer la mention inutile.

Aucun commentaire: