Quand il s’agit de comprendre un phénomène économique complexe, la lecture des Echos est plus utile que celle de Libération. Il faut maîtriser le volapuk économique. Les termes imbittables pullulent. Mais l’approche générale est plus riche. L’article central sur le Krach boursier d’hier proposé aujourd’hui par Libération commence par un petit cours de morale. Grave erreur lorsque l’on veut expliquer un mécanisme financier. Utile pour saisir les motivations individuelles, dangereux lorsque l’on veut comprendre les mécanismes d’un champ. Une idée pourtant se retrouve et dans Libération et dans Les Echos, celle de l’autonomie relative du champ financier par rapport à l’économie réelle.
En temps de crise, des idées jugées fantaisistes en temps normal ressurgissent. Depuis quand parle-t-on d’économie réelle dans la presse ? C’est d’économie tout court dont il est question. Les yoyos des bourses sont des phénomènes économiques à part entière. La production de nouveaux instruments financiers également. Il en va de même de la décision de la BCE de conserver ses taux directeurs à un niveau élevé. Et soudain on apprend que ce n’était pas de l’économie. C’était autre chose. Cela concernait en fait les banques, les assureurs, les Banques Centrales, les fonds de pension et de placement, les bourses… une autre économie. Un jeu d’écriture. Quand une banque décide de proposer un produit de placement à forte rentabilité adossé à des titres eux-mêmes adossés à des produits dérivés (indirectement) de dettes, où est l’économie réelle ? Au bout du fusil. Les ménages pauvres américains, anglais, espagnols… ce sont eux qui financent ce géant qui s’acharne à poser Ossa sur Pelion, et ce sont eux qui paient le prix final. Eux, c’est nous. Alors un « choc sur l’économie réelle » ? C’est à se demander qui a perdu de vue la réalité dans cette affaire.
« En refusant toute importance au revenu brut, c’est-à-dire à la quantité de la production et de la consommation indépendamment du surplus, en refusant donc toute importance à la vie elle-même, les abstractions de l’économie politique ont atteint le sommet de l’infamie. » Critique de l’Economie Politique, Karl Marx, 1844.
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