Voilà un destin surprenant. Le leader du PSOE avait cette image de premier de la classe, un peu falot, sans charisme, loin du tonitruant, et encore, Felipe González. Arrivé par hasard à la tête du gouvernement espagnol après l’horrible carnage de mars 2004, il avait dû constituer un gouvernement à partir d’une équipe sûre de perdre, mal préparée, gratter à droite et à gauche (façon de parler) pour présenter un projet de gouvernement cohérent. On voit, plus de deux ans plus tard, les résultats. La gauche espagnole a repris en grande partie les programmes des gauches libérales européennes, et Zapatero se trouve être un compromis étonnant entre Tony Blair et Lionel Jospin. Il a gagné en épaules, a su gagner l’estime de nombreux dirigeants européens, a remis l’Europe au centre des intensions politique du gouvernement espagnol, a imposé à une Espagne que l’on croyait rétrograde des innovations sociales importantes.
L’exemple d’un gouvernement de gauche, certes libéral, mais qui a su imposer en politique ce petit quelque chose qui manque en France. Au sortir des multiples débats entre les différents candidats à la candidature, je ne vois toujours pas ce que la SFIO a de réellement original ; ça ressemble a ce que nous avons vu auparavant, on reprend le flambeau de Jospin, on prépare une « gouvernance » partagée avec les verts, les radicaux et les néo-communistes, pas de politique sociale innovante, rien de révolutionnaire en termes économiques (on aurait aimé au moins quelques propositions « socialistes » : cogestion, régulation voire nationalisation…), c’était vraiment le moment puisque paraît-il le candidat désigné sera le prochain Président de la République. Dit-on dans les milieux autorisés.
Virer la Droite est la première chose à faire, après cinq ans de régressions sociales le boulot de reconstruction sera difficile. Ensuite, faire le boulot que Jospin n’a pas fait, renforcer notre système de protection sociale, puis revenir sur les « innovations » introduites dans le droit du travail, relancer la construction européenne… Travail parfois ingrat, délicat, mais nécessaire. Alors en cette veille de vote des adhérents du PS, qui serait le meilleur candidat ? Voilà la question que tout le monde me pose, en argumentant à l’envie sur les capacités d’un tel ou d’une telle, sa carrure, sa puissance intellectuelle, ses performance en épaulé-jeté, et tout le bazar. Personnellement, ces questions sont absurdes puisqu’elles n’intéressent en fin de compte que les caciques du parti, dans mon esprit, c’est aux adhérents de donner une direction au Parti Socialiste, une impulsion à gauche, c’est pour cette raison (uniquement la dernière) que je voterai Fabius, malgré tout ce que je peux penser du personnage et de la politique qu’il a réellement menée. J’y irai comme la dernière fois que j’ai eu à voter, à reculons, mais c’est un devoir. Ce n’est que ça.
11.15.2006
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