Nuits de paresse: Libé, 19 octobre

10.19.2007

Libé, 19 octobre

Honnêtement, Libération n’est pas un grand journal. Très irrégulier, choix éditoriaux peu judicieux, engagements douteux, une manière de se percevoir sans commune mesure avec son poids réel et sa qualité réelle. Pourtant. Pourtant des jours comme aujourd’hui, je serais presque fier d’être un vieux lecteur de ce journal (ça fait bien quinze balais). Un Libé un peu spécial. Un Libé qui invite des historiens à mettre en perspective l’actualité, à montrer comment un fait se construit, d’où vient un événement, ou pourquoi un non-événement est remarquable, comment peut-on faire de la prospective, ce qui est « futurible ». Edito de Le Goff sur l’Histoire (comme matière et présence du passé) et politique, qu’est-ce décembre 95 peut nous apprendre d’octobre 07, peut-on imaginer un renversement de la tendance boursière mondiale, pourquoi parler des Templiers puis de Juan Carlos, de Jeanne d’Arc et de Ségolène Royal (parenthèse pour avertir qu’au Théâtre du Renard, à Paris, pièce magnifique sur Olympe de Gouges – C’est tout de même aut’ chose), de Louis XIV et des OGM, etc. Bref, heureusement que parfois...

Demeure cette question fondamentale : jusqu’où est-on dans l’Histoire ? L’Histoire est une science. C’est une science « dure » au même titre que la biologie, les mathématiques, la psychanalyse ou la physique, et, comme toute idéologie (cosmologie presque), elle est en lutte constante pour son « indépendance » en tant que matière spécifique et autostructurée. Elle maintient un dialogue constant avec les autres sciences pour étayer son statut de science et s’enrichir par croisements. Pourtant, il suffit qu’un politique impose un personnage qui a vécu et laissé une trace, pour troubler le caractère scientifique de l’Histoire. Toute science étant dans le monde, c’est un risque permanent pour elle et la prise de parole des historiens est le meilleur moyen de défendre l’Histoire comme science. Et puis ce n’est pas l’ignorance qui est dangereuse (qui connaissait Guy Môquet ?) mais l’inexactitude.

Dont je fais assez largement preuve, j’en conviens. Mais là, on rentre dans le domaine de l’éthique personnelle. Et puis c’est un blog.

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