Nuits de paresse: Entourage, There is no business like…

5.30.2007

Entourage, There is no business like…

HBO, encore eux, diffuse depuis trois ans une série qui vaut le détour. Le pitch pour commencer. Un jeune acteur plein de, on va dire, talent, commence à émerger. Il vit avec une troupe cocasse, son frère, acteur lui aussi, mais beaucoup moins, euh, talentueux, sauf pour la cuisine, un cousin, qui s’est improvisé manager et un ami qui fait un peu tout le reste. Ça, c’est le premier cercle, dans le second, on trouve son agent, un salopard de premier choix, sans cœur et sans âme, à l’égo surdimensionné, et qui anime ce petit monde avec ses « bons mots » (you muscle cunt ! ), sa conseillère image très inventive également en formules-choc et la copine de son manager qui est… c’est très compliqué, donc oublions. Et puis autour il y a Hollywood dans toute sa splendeur. Chaque épisode consacre bien dix minutes (sur trente) aux soirées piscine, strip ou tee-shirt mouillé, aux galas, buny’s et autres lieux qui permettent de faire de longs travelings sur des troupes de jeunes femmes blondes avec des gros seins. Ce sont des moments de grand n’importe quoi qui donnent le ton. Et puis, il y a les autres acteurs, les producteurs, les directeurs de studios, le troisième cercle de l’enfer en d’autres termes.

Donc les épisodes s’enchaînent à l’américaine, un rythme soutenu, c’est filmé comme à l’école, les décors sont au milimètre, rien ne dépasse, les dialogues sont souvent hilarants, mais tout ça raconte une histoire, les personnages se découvrent lentement, ils prennent de la dimension avec le temps, et les répétitions sont rares. Quelques « running gags » pour les habitués, enfin pour ceux qui ont réussi à dépasser le cinq premiers épisodes, un peu mous du genou. Lentement, les auteurs finissent par parler d’eux, ils règlent leurs comptes au travers des personnages, les studios en prennent plein la gueule, le p’tit minet, un gars du peuple, montre avec le temps une force de caractère intéressante, il ne veut pas se compromettre, il a une idée de ce qu’il veut faire, ou pas, et plusieurs fois, il doit s’opposer aux directeurs de studios. Par son frère, un acteur un peu râté, on découvre la violence du niveau inférieur, les castings à l’arrache, les agents immoraux et surtout l’inanité de la presse professionnelle (« Variety » prend cher). Une série qui parle d’elle-même avec une grande liberté, la critique d’Hollywood est sévère, justifiée par l’exemple, construite, c’est un pamphlet qui prend le temps de son propos, bref c’est drôle, bien écrit et intéressant. Ça ne vaut pas « The Office », mais n’oublions pas que c’est une série américaine, qui, en fait, par la critique, justifie l’existence de tout ce système d’exploitation en montrant qu’il autorise la critique. C’est beau, c’est américain, et c’est d’une perversion exquise.

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