Nuits de paresse: Zapatero

11.15.2006

Zapatero

Voilà un destin surprenant. Le leader du PSOE avait cette image de premier de la classe, un peu falot, sans charisme, loin du tonitruant, et encore, Felipe González. Arrivé par hasard à la tête du gouvernement espagnol après l’horrible carnage de mars 2004, il avait dû constituer un gouvernement à partir d’une équipe sûre de perdre, mal préparée, gratter à droite et à gauche (façon de parler) pour présenter un projet de gouvernement cohérent. On voit, plus de deux ans plus tard, les résultats. La gauche espagnole a repris en grande partie les programmes des gauches libérales européennes, et Zapatero se trouve être un compromis étonnant entre Tony Blair et Lionel Jospin. Il a gagné en épaules, a su gagner l’estime de nombreux dirigeants européens, a remis l’Europe au centre des intensions politique du gouvernement espagnol, a imposé à une Espagne que l’on croyait rétrograde des innovations sociales importantes.

L’exemple d’un gouvernement de gauche, certes libéral, mais qui a su imposer en politique ce petit quelque chose qui manque en France. Au sortir des multiples débats entre les différents candidats à la candidature, je ne vois toujours pas ce que la SFIO a de réellement original ; ça ressemble a ce que nous avons vu auparavant, on reprend le flambeau de Jospin, on prépare une « gouvernance » partagée avec les verts, les radicaux et les néo-communistes, pas de politique sociale innovante, rien de révolutionnaire en termes économiques (on aurait aimé au moins quelques propositions « socialistes » : cogestion, régulation voire nationalisation…), c’était vraiment le moment puisque paraît-il le candidat désigné sera le prochain Président de la République. Dit-on dans les milieux autorisés.

Virer la Droite est la première chose à faire, après cinq ans de régressions sociales le boulot de reconstruction sera difficile. Ensuite, faire le boulot que Jospin n’a pas fait, renforcer notre système de protection sociale, puis revenir sur les « innovations » introduites dans le droit du travail, relancer la construction européenne… Travail parfois ingrat, délicat, mais nécessaire. Alors en cette veille de vote des adhérents du PS, qui serait le meilleur candidat ? Voilà la question que tout le monde me pose, en argumentant à l’envie sur les capacités d’un tel ou d’une telle, sa carrure, sa puissance intellectuelle, ses performance en épaulé-jeté, et tout le bazar. Personnellement, ces questions sont absurdes puisqu’elles n’intéressent en fin de compte que les caciques du parti, dans mon esprit, c’est aux adhérents de donner une direction au Parti Socialiste, une impulsion à gauche, c’est pour cette raison (uniquement la dernière) que je voterai Fabius, malgré tout ce que je peux penser du personnage et de la politique qu’il a réellement menée. J’y irai comme la dernière fois que j’ai eu à voter, à reculons, mais c’est un devoir. Ce n’est que ça.

6 commentaires:

P. P. Lemoqeur a dit…

Moi, j'ai envie d'un vote festif !
Pas un vote par défaut. Bien sûr qu'il faut virer la droite qui pue, même si la gauche empeste un peu.
Pour moi le vote festif va être blanc... couleur du deuil au moyen-âge...
Mais, PPleMoqueur vous faites le lit de Le Pen ! me direz-vous !
Allons, soyons sérieux, Le Pen on nous a fait le coup il y a cinq ans...
Je préfère encore un vieux Le Pen à un jeune Sarkozy oh ! pas pour les idées! pour l'âge... Il se pisse dessus le vieux... Six mois de pouvoir et il défuncte, et c'est pas Miss Piggy qui rependra la suite.
Vous êtes irresponsable ! PP le moqueur ! mais non ce sont eux les irresponsables... Il y avait ce soir une émission sur les addictions qui vont être désormais considérées commes des maladies. Addiction à l'alcool, aux drogues dures ou douces, aux jeux, de gains ou vidéo, au sexe même! Ils ont oublié la plus dangereuse des addictions, l'addiction au pouvoir... Et parmi tous les candidats, jeunes ou vieux,gauche ou droite, je ne vois que des drogués au pouvoir.
Tous pourris ? Non, ça on nous l'a déjà fait !
Tous malades... névropathes, psychopathes, vous qui visiblement êtes du sérail, vous le voyez bien ! J'ai fréquenté dans une vie antérieure des junkies de la pire espèce. Ils auraient tué père et père pour leur dose... Nos amis politiques, pire que leur mère, tueraient leur propres idées et leur honneur pour assurer leur dope : le pouvoir... Pouvoir d'autant plus illusoire, qu'il est passé depuis des lustres entre les mains des as du CaCa-Rente...

Ian balat a dit…

Comme à chaque fois, le post-festum sera difficile. Il n'y a qu'une fête qui vaille la peine, la fête révolutionnaire et tout cul par dessus tête, le grand carnaval, le fou du village Président de la République! Et le maire du palais le fion dans la vase.

P. P. Lemoqeur a dit…

Souvenez-vous de la chanson des Canuts et de sa fin sublime:

Nous tisserons le linceul du vieux monde,
Car on entend déjà, la révolte qui gronde !

Anonyme a dit…

C'est cohérent. Mais il est dommage qu'on ne puisse pas envoyer des messages encore plus à gauche que celui qu'on peut faire parvenir avec Laurent Fabius au sein du PS. Finalement il manque un leader sincère à la gauche du PS, cohérent avec lui même... Qu'il gagne ou qu'il perde, peu importe. Il manque une voix qui soit un repère, sans être pour autant l'écho ni la mémoire des dogmes anciens. Ni le parcours ambigü de Laurent Fabius (on ne se détache jamais de ce qu'on a été),ni l'acrimonie de Jean-Luc Mélenchon ne collent.

Ian balat a dit…

Ben vi, c"est le grand drame du PS, il se démocratise, il devient comme le Parti Démocrate, grand parti du centre qui a ses racines à gauche, mais qui se développe hors sol, un parti hydroponique. J'espère depuis quelques temps une explosion du parti en plusieurs courants qui pourraient, pour certains, exprimer plus "justement" les aspirations du peuple de gauche. Quand je vois la vitalité des groupuscules d'extrême gauche, dont certains ressemblent comme deux gouttes d'eau aux courants gauchisants du PS, cela me conforte dans cet espoir. Si la gauche du PS pouvait aider à structurer tout ce gourbi, on assisterait à une renaissance d'un grand parti de gauche, avec son identité propre, qui pourrait défendre de manière cohérente les intérêts des plus fragiles. Bon, y'a toujours la possibiité de voter trotskard, c'est déjà ça, et comme message plus à gauche, c'est pas mal. N'est-il pas?

Anonyme a dit…

Pour ma part, je n'espère pas l'éclatement du PS. Je le préfère mieux structuré, faisant mieux fonctionner le dialogue plus que le rapport de force entre ses différentes composantes.