Nuits de paresse: Courriels

9.04.2006

Courriels

Depuis quelques temps, les journaux économistes se font l’écho d’un mal qui ronge les entreprises : les mèls tout pourris. Cela n’a rien à voir avec les pourriels et autres junk mails, ce sont des mèls mal écrits, envoyés aux mauvaises personnes, au mauvais moment, en trop grandes quantités... Bref des mèls mal adressés. Chaque jour je dénombre dans ma boîte Outlook une cinquantaine de mèls. La plupart sont des mèls à caractère informatif, qui m’alertent sur l’arrivée d’un article dans une revue, d’un retard d’envoi... ce sont des mèls automatiques, très utiles pour qui sait les lire. Une dizaine sont des mèls de clients qui demandent une chose, ou une autre, ou deux choses différentes à des intervalles réduits. Déjà dans ceux-ci, quelques fautes apparaissent, des oublis, des accords dissonants, c’est gênant. Mais ce sont les clients. On n’a pas à être bien habillés quand on va acheter son pain. Par contre les mèls envoyés en interne (une poignée seulement heureusement) cumulent les tares mentionnées plus haut.

Quand une petite main du service adjacent fait des erreurs, ou oublie les formules de politesse consacrées, ou encore joue un jeu dangereux avec la grammaire, ça passe. Ce sont des mèls informatifs qui ne dérangent que les puristes. Quand un collègue fait les mêmes fautes, c’est plus difficile à accepter. On est dans le même bain, et savoir qu’un égal (en termes hiérarchiques) a un usage si alternatif du français, c’est dur pour l’égo. Heureusement, ces tares éclatent dans les mèls des supérieurs. C’est une joie pour quelques uns d’entre nous de dénombrer les fautes d’orthographe, d’accords, de grammaire, de lister les personnes non concernées dans A ou CC. Que de telles maladresses existent au-dessus fait réellement plaisir. C’est un baume pour l’égo, on peut laisser aller notre mépris, ironiser. On sourit en pensant qu’un client tatillon (et puissant) pourrait lire un tel mèl et se moquer de celui dont on ne peut dire du mal que de dos. C’est puéril, mais ça soulage. Et ça, ils n’en parlent pas dans la presse économique.

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