Nuits de paresse: 3 octobre 2005

9.02.2006

3 octobre 2005

D’où parles-tu camarade ?

Dans une entreprise coexistent plusieurs hiérarchies. Elles se croisent, s’affrontent, se complètent mais toutes se plient à ce que l’on nomme l’organigramme. Il désigne la chaîne des responsabilités et des décisions légitimes. C’est une organisation descendante, pyramidale qui nécessite l’assentiment de certains. Un organigramme qui est refusé par une majorité des cadres de l’entreprise serait voué à l’échec. C’est donc une organisation consensuelle qui définit par extension les postes pourvus et, à terme, accessibles aux strates inférieures. Le haut de l’organigramme désigne la direction et les parties restantes le management. La première partie dépend à volonté des propriétaires de l’entreprise (collège familial ou d’actionnaires) et le reste est relativement autonome. La partie managériale est d’ailleurs un bon indicateur de la richesse humaine de l’entreprise car on y retrouve des salariés en progression.

Dans les petites structures, les deux parties de l’organigramme sont plus fortement imbriquées du fait du nombre restreint des acteurs. La direction peut plus facilement s’intéresser à ce que l’on appelle le Low Management, les managers les plus proches des salariés. Dans les grandes structures, la direction a un droit de regard sur le Top Management, et laisse la désignation des autres strates à ce dernier.

Cet ordonnancement général légitime a minima les ordres reçus et donnés. Une entreprise s’organise par le découpage et la délimitation des tâches et des responsabilités, l’organigramme n’est à première vue que l’expression purement hiérarchique de cette organisation. Mais à côté de ce découpage institutionnel existent d’autres hiérarchies. Tout un chacun a sa propre hiérarchie de valeurs et parfois certaines valeurs personnelles vont à l’encontre de certains agencements organisationnels. On peut trouver aberrant que telle personne soit déconsidérée car elle a tel statut dans l’entreprise ou permettre à telle autre d’avoir un tant soit peu de pouvoir. Chacun a sa manière de voir les choses en quelque sorte. Nous avons tous notre façon d’organiser notre travail, et notre vie avec le travail. L’organisation générale proposée par l’entreprise peut être, dans ces deux cas, sujette à caution.

Dans les temps de conflits, l’organigramme est retourné, comme à Carnaval, pour quelques temps. Les rapports dans l’entreprise se laïcisent, les fonctions s’effacent pour redonner leur place aux individus. On peut mesurer dans ces moments le degré d’aliénation de chacun. Comme on disait avant, d’où parles-tu camarade ?

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